Ange P2PFR.com
[Traduction Torrentfreak] À quel point le piratage sur internet est-il risqué en 2017 ?
Europe/Paris Créée le 22 juillet 2017 à 15h10
Par 111110101011
Consultée 33828 fois

Torrentfreak a publié (15 juillet 2017) un billet d'humeur au sujet des "risques" légaux encourus par les téléchargeurs et téléchargeuses. Les postures exprimées dans l'article frôlent celles exprimées ça et là sur P2PFR, avec un point de divergence palpable : sur P2PFR nous ne jugeons pas le VPN être une nécessité. Certains éléments de l'article de TF vont pourtant en ce sens, mais barrière psychologique ? Les mêmes conclusions n'en sont pas tirées.
Alors en 2017, faut-il avoir peur du grand méchant Hadopi ou pas ? Et à l'international comment ça se passe ?

Ci-dessous donc une traduction de l'article, et en complément, des liens de chez nous qui complètent cet avis sur la question.

Traduction :

À quel point le piratage sur internet est-il risqué en 2017 ?
Par Andy, 15 Juillet 2017.

Avec la moitié de l'année 2017 écoulée, la bataille contre le piratage sur internet se poursuit à un rythme significatif, avec les plus grosses boites du divertissement qui fléchissent leurs muscles. La grande question, cependant, c'est de savoir si ceux qui se lancent dans cette pratique risquent de se faire attraper pour leurs actes.

Les plus grosses companies dans le monde de la musique, des films et du jeu sauteraient de joie si le phénomène du piratage sur internet pouvait prendre du plomb dans l'aile et arriver à terme demain. (Spoiler: ce ne sera pas le cas).

Par conséquent, de grosses sommes d'argent sont dépensées chaque jour pour garder la distribution illégale sous contrôle. Au fil des ans il y a eu de nombreuses stratégies et plusieurs d'entre elles ont ciblé les utilisateurs finaux.

Le monde est bien vaste et la façon d'aborder le piratage diffère de région en région, mais ce que veulent savoir la plupart des consommateurs de contenus non-autorisés à la distribution, c'est s'ils sont sujets à risques ou non.

La réponse courte à cela est que peu importe où les gens sont, il y a toujours un niveau de risque lié à l'obtention et l'utilisation de contenu piraté. La réponse longue est plus nuancée.

BitTorrent et les autres protocoles P2P

Par sa nature même, utiliser BitTorrent pour accéder au contenu protégé par le droit d'auteurs ne se fait pas sans risque. Comme les téléchargeurs sont aussi les distributeurs et que leur adresse IP sont nécessairement publiques, les utilisateurs de torrent sont très fracile à pister. En fait, avec un minimum d'équipement, un ayant-droit déterminé peut repérer et potentiellement découvrir l'identité d'un partageur de fichiers.

Dire que le simple partage sur BitTorrent reçoive un 0/10 sur la vie privée, c'est un peu comme dire qu'une voiture en excès de vitesse reçoit un 0/10 en discrétion. Comme les voitures en excès de vitesse quiconque peut voir l'utilisateur de torrent en train de pirater, mais la grande question c'est de savoir s'il y a quelqu'un qui prévoit de réagir à cela.

La grosse surprise de 2017 est qu'il est statistiquement improbable que les utilisateurs aient à faire face à quelque conséquence que ce soit.

Aux États-Unis, par exemple, où les copyright trolls sont un problème sérieux pour ceux qui se font attraper sur le net, le problème n'affectera pourtant qu'une petite, toute petite proportion de pirates. Une chance sur cent de se faire piéger serait déjà surestimer le risque, mais ça reste un risque acceptable pour qui n'importe qui aimant à prendre des paris.

De façon surprenante, les pirates sont aussi moins enclins à être confrontés à un simple avertissement amical qu'ils ne l'étaient l'an passé. Le programme «Six Strikes» d'alerte sur les atteintes au droit d'auteurs avec à sa tête la MPAA et la RIAA, qui a fait parvenir de gros volume de lettres d'avertissement aux pirates via leurs FAIs, a été stoppé en janvier. Ceux qui étaient derrière ce programme ont abandonné, pour des raisons inconnues.

Cela signifie que des millions d'usagers de torrent, bien qu'ils exposent leur adresse IP en public pendant qu'ils partagent les contenus protégés, le font sans réel problème. Malgré tout, un grand nombre prend aussi des précautions, en utilisant des technologies d'anonymisation comme les VPNs.

Ça ne veut pas dire que leurs actes sont légaux : ils ne le sont pas, mais en dehors du petit millier de personnes qui tombe dans le filet des trolls chaque année, la grande et écrasante majorité des utilisateurs de torrent (dont l'effectif est bien au delà de 100 millions) piratent dans l'impunité.

Au Royaume-Uni, même les trolls ne sont plus un problème. Après quelques bourrasques qui semblaient s'éterniser plus qu'elles ne l'auraient dûes, les copyright trolls semblent avoir quitté le pays pour des activités plus lucratives.
Aucun cas n'est remonté jusqu'aux tribunaux ces derniers temps, ce qui signifie que les utilisateurs au Royaume-Uni peuvent s'adonner au torrent autant qu'ils le souhaitent, sans rencontrer de problème légal pour autant.

Il est important de constater quand même que leurs actes sont tout de même répertoriés. Contrairement aux USA, le Royaume-Uni a un système d'avertissements en place. Cela veut dire que quelques milliers de clients d'une poignée de FAIs reçoivent des lettres les informant que leurs comportements de pirate ont été surveillés par une compagnie de l'industrie du divertissement.

Actuellement, cependant, il n'y a aucune punition pour ceux qui se font "attraper", même quand ils sont accusés à plusieurs reprises. Du moins jusqu'à maintenant, il semble que le plan soit d'intimider les pirates à se soumettre, et dans certains cas ça fonctionnera. Cela dit, les choses pourraient évoluer si la surveillance se poursuit à cette échelle.

L'Allemagne mise à part (où l'activité des trolls du copyright est débordante), une poignée d'autres pays européens ont aussi enduré des problèmes de trolls relativement mineurs (Finlande, Suède, Danemark) mais grosso-modo, les partageurs de fichiers continuent leur activité habituelle à travers le continent. Il n'y a aucun gros projet de répression massive d'usagers de Bittorrent et seule la France a un système d'avertissements encore actif.

Le Canada et l'Australie ont également eu des affaires relativement mineurs avec les copyright trolls (ce dernier a aussi un système d'avertissements par les FAIs, mais il est inoffensif) mais aucun pays n'est considéré comme un endroit particulièrement "à risque" pour le partage de fichiers sur BitTorrent. Comme aux États-Unis, le Royaume-Uni ou l'Europe, les risques d'être poursuivi pour contrefaçon sont en effet très faibles.

Pourquoi y a-t-il si peu de mise en application des poursuites ?

Il y a un certain nombre de raisons à cet apparent manque d'intérêt porté aux usagers de BitTorrent mais quelques unes sont plus crédibles. D'abord il y a la question des ressources requises pour la prise en charge de millions d'usagers. Evidemment, une tactique basée sur la peur pourrait être déployée pour frapper fort un petit nombre de personnes, mais il semble que la plupart des boites préfèrent d'autres façons de procéder.

Cela est partiellement dû à la tendance plus récente des groupes de divertissement et gouvernementaux de prendre une approche plus large des infractions, en frappant à la source et en faisant couper les fonds monétaires des sites pirates, en ciblant leurs annonceurs publicitaires, en bloquant les sites web, et en essayant de susciter des schémas volontaires de luttes anti-piratage au sein des moteurs de recherches.

Faisons remarquer aussi qu'un bon nombre de gens se protège de façon coutumière à l'aide d'outils techniques comme les VPNs, qui leur permettent de parcourir l'internet en profitant de niveaux de confidentialité accrus. Assez récemment, l'agence anti-piratage Rightscorp a partiellement pointé ce fait comme étant à l'origine d'une baisse de leurs revenus.

Attention cependant, la nature des infractions a changé elle aussi.

Il y a quelques années, la plupart des gens obtenaient leurs films et leur musique via des sites de torrent mais désormais elles utilisent plutôt des sites de streaming pour avoir leur dose. Accéder aux blockbusters via une solution de streaming (peut-être via Kodi) est en bonne partie intraçable, tout comme la collecte de MP3 sur la centaine de portails disponibles aujourd'hui.

Comme l'actualité récente en témoigne, pourquoi s'embêter avec des sites "pirates" quand les gens peuvent juste extraire leur musique depuis des sites comme Youtube ?

Le soit-disant rip de stream est maintenant accusé d'être un immense terrain pour le piratage et par conséquent, les sites de torrent reçoivent moins de mentions qu'auparavant.

Bien qu'encore une épine de leur côté, il ne serait pas éxagéré de penser que les sites de torrent ne sont plus considérés comme le plus gros problème qui soit, au moins dans le domaine de la musique. Maintenant, le "gap de valeur" est davantage un casse-tête.

Donc en bref, les millions de personnes qui obtiennent et partagent du contenu soumis au droit d'auteurs via BitTorrent prennent encore des risques dans la plupart des gros pays, et ceux-ci doivent être pesés avec soin.

L'activité est illégale presque partout, punissable à la fois en tribunaux civils et criminels, et a le potentiel de soumettre les gens à de grosses amendes et même des sentences de prison, si l'étendue du piratage est suffisamment conséquente.

En réalité, cependant, les risques pour monsieur tout le monde de se faire attraper sont si faibles que beaucoup de gens n'y réfléchissent pas à deux fois. Cela dit, même les gens qui roulent 15km/h au delà de la limite se font attraper de temps ent emps, donc ceux qui veulent garder des draps propres souscrivent à un VPN qui réduit les risques à presque 0%.

Pour les gens qui streament, la vie est encore moins compliquée. Streamer des films, séries ou de la musique depuis une source non autorisée n'est pas traçable par des moyens conventionnels, ce qui jusqu'a maintenant rend la pratique sûre à presque 100%. Notoirement, il n'y a eu aucune poursuite d'un utilisateur qui aurait streamé du contenu piraté où que ce soit dans le monde. En Europe ce n'est pourtant pas légal, donc quelque chose pourrait se produire à l'avenir... peut-être, potentiellement... éventuellement mais pas sûr.

Donc voilà le truc. Bien qu'il s'agisse de la position générale aujourd'hui, le "marché" est volatil, et a la capacité de changer rapidement. Une affaire pourrait être lancée aux USA ou au Royaume-Uni la semaine prochaine, chacune ciblant 50 000 utilisateurs BitTorrent pour des téléchargements ayant eu lieu des mois auparavant. Personne ne le sait de façon sûre donc peut-être que la leçon est similaire à celle qu'on serine à l'école aux ados durant les cours d'éducation sexuelle.

Les gens ne devraient pas se mettre dans des situations de risque, mais si elles le doivent vraiment, elles devraient prendre leurs précautions. Si elles ne le font pas, elles pourraient manquer de bol et c'est toujours triste à voir.

Liens :

* L'article original sur TorrentFreak : https://torrentfreak.com/just-how-risky ... 17-170715/
* Notre page sur l'analyse des risques face à la Hadopi : http://wiki.p2pfr.com/faq/quels-sont-le ... udiciaires
* Un risque avec les seedboxes ? Que nenni ! : viewtopic.php?f=20&t=24451

Les Dernières News